Pourquoi le « Président Bitcoin » est en réalité plus un « Président Ethereum »

Johan Allard • 24 janvier 2025

Dans un rebondissement surprenant qui a suscité la controverse au sein de la communauté Bitcoin, les récentes actions de World Liberty Financial, lancé par le président Trump, ont mis en lumière les différences fondamentales entre Bitcoin et Ethereum. Au cœur de cette polémique se trouve une transaction impliquant du wrapped bitcoin (WBTC) et du Bitcoin, deux termes qui sont loin d’être synonymes.

Les acquisitions cryptos de Trump excluent le Bitcoin

Le 20 janvier 2025, Donald Trump Jr. a dévoilé une série d’achats de tokens stratégiques pour commémorer l’investiture de son père en tant que 47ᵉ président des États-Unis. Parmi ces achats figuraient :

• 47 millions de dollars en ETH (Ethereum)
• 47 millions de dollars en WBTC (wrapped bitcoin)
• 4,7 millions de dollars en Aave
• 4,7 millions de dollars en LINK (Chainlink)
• 4,7 millions de dollars en TRX (Tron)
• 4,7 millions de dollars en ENA

À première vue, ces achats pourraient sembler confirmer l’importance du Bitcoin dans la stratégie cryptographique de Trump. Cependant, un examen plus approfondi révèle que, à l’exception du TRX, tous ces tokens sont basés sur Ethereum.

Le Wrapped Bitcoin n’est pas du Bitcoin

Le wrapped bitcoin (WBTC) ne repose pas sur la blockchain Bitcoin, mais existe plutôt sous forme de token ERC-20 sur Ethereum. Il est adossé à du Bitcoin à hauteur de 1:1 via un processus complexe impliquant des custodians et des intermédiaires de confiance. Ce mécanisme, décrit dans le livre blanc de 2019 du WBTC, permet aux utilisateurs de profiter de la valeur du Bitcoin tout en exploitant les fonctionnalités d’Ethereum, telles que les contrats intelligents et les applications de finance décentralisée (DeFi).

Cependant, détenir du WBTC ne signifie pas posséder du Bitcoin au sens propre. Il s’agit d’un dérivé qui existe sur une autre blockchain, ce qui soulève des questions sur l’engagement réel de Trump envers le Bitcoin.

Tron sous le feu des critiques

L’inclusion du TRX, le token natif de Tron, dans les achats de Trump a également attiré l’attention. Bien que Tron fasse partie d’un écosystème cryptographique bien intégré, il a été critiqué pour son implication dans des activités illicites. Un rapport de TRM Labs a révélé qu’en 2024, Tron représentait encore 58 % des volumes cryptographiques liés à des activités illégales, malgré une réduction significative de ces activités.

Les experts se prononcent

Lors du Forum économique mondial de Davos, Brian Moynihan, PDG de Bank of America, a déclaré que le soutien de Trump aux cryptomonnaies pourrait transformer l’approche des banques vis-à-vis de ce secteur. Il a souligné que si des régulations claires étaient mises en place, les banques pourraient adopter massivement les transactions cryptographiques.

De son côté, Larry Fink, PDG de BlackRock, a réaffirmé l’importance du Bitcoin comme couverture contre l’instabilité économique. « Si vous craignez la dévaluation de votre monnaie, vous pouvez avoir un instrument international appelé Bitcoin », a-t-il déclaré, soulignant son rôle croissant en tant que réserve de valeur sûre et portable.

Un virage stratégique vers Ethereum ?

Les récentes actions de Trump suggèrent un intérêt marqué pour l’écosystème Ethereum, plutôt que pour le Bitcoin pur. Cette stratégie soulève des questions sur l’identité même de l’argent numérique à une époque où l’innovation technologique et les repositionnements politiques se croisent.

Alors que certains voient en Trump un « Président Bitcoin », ses investissements récents indiquent une préférence pour les actifs basés sur Ethereum, tels que le WBTC et d’autres tokens DeFi. Cette tendance pourrait refléter une volonté de tirer parti des avantages offerts par les contrats intelligents et les applications décentralisées, plutôt que de s’en tenir à l’idéologie puriste du Bitcoin.

Conclusion : une nouvelle ère pour la cryptomonnaie

Le débat entre le Bitcoin et le wrapped bitcoin va au-delà d’une simple dispute technique. Il reflète une bataille plus large sur l’avenir de l’argent numérique dans un monde en pleine transformation. Alors que le portefeuille de Trump s’oriente de plus en plus vers des actifs basés sur Ethereum, le récit du « Président Bitcoin » pourrait bien être un malentendu.

Une chose est certaine : l’interaction dynamique entre innovation, politique et technologie continue de redéfinir la finance à l’ère numérique. Reste à savoir si Trump sera finalement reconnu comme un véritable partisan du Bitcoin ou si Ethereum et d’autres blockchains de contrats intelligents voleront la vedette.